Édouard Daniel fut un des neuf premiers élèves présents à l’ouverture des classes du collège le 2 mars 1849. Il allait avoir neuf ans, étant né le 31 mai 1840. 


Il fit à l’institution Sainte-Marie qu’on appelait alors le collège des pères Maristes, d’excellentes études, ce dont témoigne le palmarès qui nous le montre remportant chaque année, un bon nombre de premiers ou de seconds prix. 
À cette époque, la distribution des prix était toujours précédée d’une séance académique (elle serait mal accueillie de nos jours) et le jeune Daniel y fit plusieurs fois bonne figure. 
En 1857, étant élève de rhétorique, il lut une narration française intitulée « Marseille, fondée par les phocéens » et l’année suivante, un discours français qui avait pour titre « de l’influence des lettres dans l’éducation ».


Presque chaque année Édouard Daniel avait obtenu le premier ou le second prix d’instruction religieuse. On ne fut donc pas étonné de le voir choisir à la fin de ses études classiques la carrière ecclésiastique. 
Il fut au grand séminaire de Fréjus, ce qu’il avait été à La Seyne : un élève brillant et il couronna ses études de théologie par l’obtention du diplôme de Docteur, qui lui fut décerné par la faculté d’Aix. 
Il avait choisi pour thèse Dante Alighieri le grand poète italien.
Ce choix seul dénotait l’originalité du jeune Abbé. 
Daniel fut en effet toute sa vie très original et aimant passionnément l’étude, il se plongeait dans la lecture de tous les livres qui lui tombaient sous la main, enrichissant ainsi son esprit de connaissances aussi multiples que variées et qui, si elles n’étaient pas toujours pour lui d’une utilité très pratique, avaient au moins le grand avantage de rendre ses conversations très intéressantes et de charmer ses auditeurs. 
Tour à tour professeur au Petit Séminaire de Grasse qui était à alors du ressort du diocèse de Fréjus, puis vicaire à Bargemon, Antibes et enfin Saint-Joseph de Toulon , il fut au comble de ses voeux quand il se vit nommé archiviste de l’évêché de Fréjus. 


Bibliomane invétéré, il allait donc pouvoir se livrer à sa passion favorite, entasser documents sur documents, approfondir les questions historiques, en particulier les histoires locales et faire des découvertes sensationnelles au moins pour lui.
 Mais il était prêtre et il ne l’oubliait pas et pendant très longtemps il prodigua ses soins et tout son dévouement spirituel aux malheureux de l’hôpital de Fréjus, et chaque dimanche pendant une quinzaine d’années, il assurera le service religieux d’une paroisse aux environs de Cannes. 
Depuis 32 ans, il avait été élevé à la dignité de Chanoine de Cannes, et il aimait à dire qu’on avait « doré » sa retraite, en jetant sur ses épaules l’hermine des ultimes récompenses.


Monsieur le Chanoine Daniel n’acheva pas ses jours à Fréjus; sentant sa fin prochaine, Il ne pouvait s’y tromper, étant infirme et octogénaire il reprit le chemin de sa ville natale, et voulut mourir, entouré des soins dévoués de sa nièce et de ses neveux Georges et René Frichement, nos anciens.


Il est mort presque subitement et ayant juste le temps de recevoir les derniers sacrements le vendredi 29 août à l’âge de 84 ans.


Devant ce cercueil un rapprochement nous vint à l’esprit. 
L’an dernier nous enregistrons dans le bulletin, le décès de Victor Argentery qui lui aussi avait assisté à la première classe faite à l’institution Sainte-Marie. 
Or ces deux patriarches, après avoir été séparés toute toute leur vie depuis la sortie du collège, sont venus mourir presque à la même place, la rue seule en effet sépare les deux immeubles où ils sont morts.
Ceux que la vie sépare, la mort les réunit.
 Anciens de La Seyne, aujourd’hui dispersés, puissions-nous tous un jour, nous trouver réunis à reformer au Ciel la grande famille de Sainte-Marie.


Sources

Rubrique nécrologique sur Entre Nous, revue interne I.S.M 1924

Le petit Bleu de Paris 1924

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